Échec du capitalisme et retour du puritanisme et du populisme conduisent aujourd’hui notre civilisation et particulièrement sa jeunesse au pessimisme et à la résignation face à un monde qui s’écroule et broie un peu plus chaque jour l’humain et ce qui unit les Hommes. Alors que s’effondre par secousses régulières le système économique que nous entretenons par notre moteur individuel utilitariste et que le modèle communiste a démontré au XXème siècle ses limites et désastres, nous sentons qu’un nouveau paradigme doit émerger avant qu’il ne soit trop tard : trop tard avant que la planète soit détruite, trop tard avant que l’accroissement quotidien des inégalités ait engendré des guerres, trop tard avant que des millions d’enfants soient privés d’éducation et d’espoir, trop tard avant que la part d’humanisme au fond de chacun d’entre nous soit essoufflée …

Les discours politiques actuels aussi démagogiques que stéréotypés éloignent un peu plus chaque jour les peuples de leur passion pour la démocratie laissant place au royaume des émotions dont les maîtres rejettent chaque jour un peu plus l’esprit des Lumières, l’étranger, l’altérité et la différence.

Le culte de la performance permanente, de l’Homme sans faille, de la honte de l’échec ou de l’erreur ou dit autrement l’assèchement poétique de l’Humanité ont conduit au désenchantement du monde.

L’urgence est naturellement écologique mais déclinée au-delà de la question environnementale : l’urgence éducative, l’urgence culturelle, l’urgence digitale, l’urgence démocratique… dit autrement ou simplement, l’urgence humaniste.

L’Europe et l’occident n’ont pas été le foyer de l’art et des savoirs pendant des siècles pour aujourd’hui laisser des frères et sœurs mourir en mer, des artistes être interdits de s’exprimer, des systèmes éducatifs s’écrouler, des millions d’individus être ignorés ou écrasés par la révolution digitale et les démocraties se fissurer de toutes parts.

Les fondateurs du Rassemblement de la Gauche Républicaine refusent cette résignation à un avenir toujours plus sombre.

Nous pensons que c’est en replaçant les piliers de la République – notamment l’art, les savoirs, le respect de l’autorité et des différences - au cœur du projet politique local, régional, national comme européen que nous pourrons redresser la tête. Les objectifs du développement durable doivent être au cœur du débat et des décisions politiques. Environnement, pauvreté, inégalités, éducation, culture, santé, ordre, progrès et démocratie ne peuvent plus être en bout de table et sur un tabouret ; ils doivent être l’obsession de notre banquet républicain.

Alors que la liberté est devenue principalement économique et que l’égalitarisme faute souvent de convictions et de moyens n’a pas atteint ses objectifs, la Fraternité doit reprendre toute sa place dans notre civilisation pour sauver la planète. Elle ne s’impose pas par la loi, elle ne se décrète pas; elle ne peut pas être l’amie que des soirs de victoires sportives; elle est au fond de chacun d’entre nous et c’est le rôle de l’art et des savoirs de nous aider à l’éveiller, ou pour reprendre les mots d’Albert Camus « d’être plus fort que sa condition ».

Nous avons donc à inventer ensemble un nouveau modèle économique et sociétal que nous pourrions appeler la « fraternelle démocratie » et qui impactera tous les domaines de notre vie quotidienne : des modes productifs et de partage dans l’entreprise à la transmission des savoirs en passant par le développement soutenable, l’égalité homme femme, le respect de la laïcité ou la place du handicap dans notre société.

Plusieurs organisations et individus de gauche se sont réunis pour adopter ce projet commun. Le combat ne fait que commencer ; il sera long ; mais nous sommes déterminés.

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